Renaissance industrielle ?

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janeb13 / Pixabay

La servicisation de notre économie est aujourd’hui une réalité, les prestations de services ou les abonnements ont bouleversé le mode de consommation de nombreux objets de notre quotidien.

Aussi un certain nombre d’industriels ont pu lancer la servitisation de leurs offres, basculant leur modèle d’affaire du produit aux services. On peut notamment penser aux offres des Hilti, Rolls Royce, Michelin, ou encore Xerox…

Les premiers signaux repérés au sujet de la servicisation de l’économie et les premiers cas de servitisation ont été identifiés il y a 6 ans parmi les clients de Créativ.

Ce repérage s’inscrit alors dans un contexte de défiance de nombreuses PME. Elles craignaient d’être disruptées par une start-up ou un géant du numérique. L’uberisation peut être considérée comme la face sombre d’une transformation de l’économie par le numérique. Où le service donne le La et impose la disruption aux entreprises traditionnelles.
On peut aussi considérer que la servitisation constitue une formidable opportunité de ne pas subir une transition imposée. Une PME peut générer plus de valeur ajoutée en transformant son offre. Et surtout, on peut considérer que c’est une formidable occasion d’assurer la renaissance de l’industrie sur notre territoire. Plutôt que disparaître, un savoir-faire industriel peut être réinventé en utilisant le levier du modèle d’affaires : ce n’est plus la seule vente de biens manufacturés qui assure la viabilité de la PME.

Quand le moteur de marge tombe en panne

Si les pièces détachées constituent une part non négligeable du chiffre d’affaire voire de la marge des industriels, de nombreuses PME se sont trouvées confrontées à l’intensification de la concurrence d’offres low-cost. Elles se sont aussi vues opposées des prix pratiqués par de nouveaux venus. Ces nouveaux concurrents utilisent le web comme seul canal de distribution. La dégradation des marges accélère ainsi la destruction d’emplois industriels en France.

Dès 2010, nos voisins britanniques ont fait de la servicisation une opportunité de réindustrialisation et de croissance pour la prochaine décennie (Technology and Innovation Futures: UK Growth Opportunities for the 2020s, Foresight Horizon Scanning Centre, Government Office for Science, 2010).

Derrière cette analyse, les pouvoirs publics britanniques coordonnent une stratégie de reconquête industrielle. L’objectif ? Soutenir l’émergence d’industriels britanniques pourvoyeurs d’emplois et renforcer l’attractivité de l’économie britannique. On peut parier que le Brexit ne devrait pas faire évoluer cette stratégie, bien au contraire.

Et c’est bien ce pari qui nous intéresse. Redonner des marges de manœuvres aux entreprises industrielles. Ouvrir de nouveaux horizons de business. Et aussi renforcer l’attractivité de l’industrie.

En effet, la servitisation d’une activité impose une revue des capacités comme des marchés de l’entreprise, une meilleure prise en compte du numérique. L’attraction de nouveaux talents ?

Inverser la tendance

Ce mouvement pèse certainement dans l’érosion croissante de l’emploi industriel sur notre territoire. Alors pour inverser la tendance, à l’image du FC Lorient qui communique pour lever les objections après une rétrogadation en ligue 2, les industriels français peuvent s’emparer du levier du service pour regénérer une assiette de viabilité.

On peut certes investir pour renforcer la compétitivité, augmenter l’automatisation et la flexibilité de la base industrielle. Poursuivre une stratégie Industrie 4.0 permet notamment de mieux répondre aux attentes des clients, par exemple en développant la personnalisation.

Toutefois, face à la concurrence de la production à bas coût, à la relative inefficacité de stratégie de montée en gamme et à la ré-intermédiation de certains marchés par le numérique, la transition vers les standards de l’Industrie 4.0 ne peut seule suffire.

Offering advanced services as part of service contracts in servitisation

Comme l’illustrent les travaux de l’observatoire de la Commission Européenne, le Business Innovation Observatory, au sujet de la servitisation, l’accessibilité des solutions IoT permet d’envisager de nouveaux leviers d’innovation pour les entreprises industrielles, où le service (ou les services avancés) tire(nt) la création de valeur.

 

Ainsi, les offres innovantes en termes de contrat de maintenance, de paiement à l’usage ont assuré aux industriels, qui se sont emparés de ces leviers, de nouvelles perspectives de croissance malgré un contexte concurrentiel intense.

Bien entendu la servitisation d’une activité ne peut se décréter. Elle nécessite d’accompagner notamment le changement de culture de l’entreprise, sa réorganisation et son refinancement.

On en parle à l’occasion du prochain Open de l’Industrie à Carhaix le 8 octobre ?

 

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